Les compléments alimentaires, nécessité d'une consommation éclairée
Les compléments alimentaires, concentrés de nutriments, de plantes ou d’autres substances, sont de plus en plus consommés en France. A visée amincissante, anti-stress, revitalisante ou destinés aux sportifs, ces produits sont souvent perçus comme anodins mais peuvent, dans certains cas, exposer le consommateur à des risques sanitaires. Qui les consomme ? Sont-ils nécessaires pour certaines populations ? Comment limiter les risques pour notre santé ?
Qu’est-ce que les compléments alimentaires ?
On entend par compléments alimentaires, « les denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d'autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés… » (Directive 2002/46/CE du Parlement européen, transposée par le décret n°2006-352 du 20 mars 2006).
Il existe de nombreux compléments alimentaires, à base de plantes, de vitamines et minéraux, ou d'autres concentrés de substances à but nutritionnel et physiologique (mélatonine, glucosamine…). Ils sont commercialisés sous forme de doses telles que les gélules, pastilles, comprimés, pilules, sachets de poudre ou encore en préparations liquides (ampoules, flacons munis de compte-gouttes).
Ces compléments sont présentés comme des produits qui contribuent à améliorer les apports nutritionnels des consommateurs, et les aident à mincir, affronter l’hiver, mieux digérer, avoir de beaux cheveux, réduire les désagréments de la grossesse ou de la ménopause, etc.
Comment consomme-t-on les compléments alimentaires en France ?
Depuis quelques années, les Français en consomment de plus en plus.
La 2ème étude individuelle nationale des consommations alimentaires (Inca) menée en 2006-2007 a permis de recueillir, pour la première fois en France métropolitaine, des informations sur la prise de compléments alimentaires par les adultes et les enfants de 3 ans et plus.
Les résultats d’Inca 3 menée en 2014-2015 mettent en évidence que la consommation de compléments alimentaires et de médicaments sources de nutriments a doublé entre les deux études, aussi bien chez les enfants de 3 à 17 ans que chez les adultes.
D’après l’étude Inca 3, 22 % des adultes consomme des compléments alimentaires et 14 % des enfants en consomme. Sur la base d’une définition plus large incluant les médicaments sources de nutriments ; ces taux sont respectivement de 29 % et 19 %.
La durée annuelle de la prise d'un complément alimentaire est en moyenne de 4 mois et demi chez les adultes et de 2 mois et demi chez les enfants mais se révèle très variable d'une personne à l'autre. Ceci témoigne d'une grande disparité des comportements vis-à-vis de ces produits.
Chez les adultes, les plus grands consommateurs sont les femmes, les individus âgés de 18 à 44 ans et ceux ayant un niveau d’étude élevé. Une saisonnalité de consommation est également observée, avec une consommation plus élevée en hiver.
A noter que les compléments alimentaires sont principalement achetés en pharmacie mais l’achat sur Internet s’est fortement développé chez les adultes depuis 2015, passant de 1 % à 11 %.
Comment sont encadrés les compléments alimentaires ?
A la différence des médicaments, la commercialisation des compléments alimentaires ne nécessite pas d'autorisation de mise sur le marché.
Ces produits font l'objet de déclarations auprès de la Direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui examine leur composition et réalise des contrôles à l'instar des autres catégories de denrées alimentaires.
Plusieurs dispositions réglementaires aux niveaux européen et national établissent la liste des ingrédients autorisés dans compléments alimentaires : vitamines, minéraux et plantes ainsi que les doses journalières maximales à ne pas dépasser pour les vitamines et minéraux. Ces listes peuvent être consultées sur le site de la DGCCRF.
Le complément alimentaire n’est pas un médicament, il ne peut donc, par définition, revendiquer aucun effet thérapeutique. Par ailleurs, les allégations nutritionnelles et de santé, susceptibles d’être indiquées sur les produits, sont strictement encadrées par la réglementation européenne. A ce jour, un nombre limité d’allégations santé est autorisé, la liste peut être consultée sur le site de la Commission européenne.
L'industriel est responsable de la conformité des compléments alimentaires mis sur le marché avec les dispositions réglementaires en vigueur, tant en matière de sécurité que d’information du consommateur.
Est-il nécessaire de consommer des compléments alimentaires ?
Les déficits d’apport et a fortiori les carences en nutriments sont très rares dans la population générale et ne concernent que la vitamine D.
De manière générale, en l’absence de pathologie, la couverture des besoins nutritionnels est possible par une alimentation variée et équilibrée dans le cadre d’une vie quotidienne physiquement active. La consommation de compléments alimentaires n’est alors pas nécessaire.
En revanche, des carences en nutriments peuvent toucher davantage des groupes particuliers de la population ayant des besoins accrus ou des déficits d’apport tels que les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées...
De plus, certains comportements alimentaires peuvent conduire à réduire, voire supprimer, la consommation d’aliments sources de nutriments indispensables. Par exemple, le régime végétalien est totalement dépourvu de vitamine B12, présente uniquement dans les denrées d’origine animale. De même, un régime alimentaire écartant la consommation de poissons et de fruits de mer ne permettra pas de couvrir les besoins en EPA et DHA (acides gras polyinsaturés à longue chaîne).
Plus généralement, un régime insuffisamment varié expose à un risque de couverture insuffisante des besoins nutritionnels. Dans ces cas particuliers, le recours aux compléments alimentaires peut présenter un intérêt. Il est alors fortement recommandé de solliciter l’avis d’un professionnel de santé.
Consommer les compléments alimentaires, comment limiter les risques pour notre santé ?
Dans le cas de la consommation des compléments alimentaires contenant des vitamines et minéraux, il peut exister un risque de dépassement des limites de sécurité, plus encore lorsque des aliments enrichis entrent dans le régime alimentaire quotidien.
D’une manière générale, pour limiter les risques induits par la consommation de compléments alimentaires, voici cinq conseils à suivre :
- Demander conseil à un professionnel de santé,
- Éviter les prises prolongées, répétées ou multiples,
- Respecter les conditions d’emploi,
- Être vigilant quant aux produits présentés comme miraculeux,
- Privilégier les produits vendus dans les circuits les mieux contrôlés.
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Avant de consommer un complément alimentaire, la première question à se poser est « en ai-je vraiment besoin ? » Pour y répondre, il convient d’identifier ce qui motiverait cette prise. Le problème relève-t-il d’un déséquilibre nutritionnel ou plus largement d’une hygiène de vie désordonnée ?
Lire l'article " les complémentaires alimentaires sont-ils utiles ? " de Aymeric Dopter, chef de l’Unité d’évaluation des risques liés à la nutrition de l’Anses.
Que fait l'Agence pour prévenir les risques liés à la consommation de compléments alimentaires ?
L’Anses a mis en place en 2009 un dispositif de nutrivigilance afin de surveiller les effets indésirables liés à la consommation des compléments alimentaires ainsi que d’autres produits alimentaires tels que les aliments enrichis ou de nouveaux aliments destinés à une alimentation particulière (nourrissons, patients souffrant d’intolérance alimentaire...).
Ce dispositif permet d’identifier et de collecter les effets indésirables déclarés par les professionnels de santé, notamment des médecins et des pharmaciens, les fabricants ou distributeurs ainsi que tout particulier et contribue ainsi à renforcer la sécurité du consommateur.
Grâce à ces données, l’Anses réalise des expertises afin d’évaluer les risques liés à la consommation de ces produits et émet des recommandations. Ainsi, l’Anses a publié de nombreux avis relatifs à différents produits, tels que les boissons dites énergisantes et différents compléments alimentaires (contenant de la levure de riz rouge ou de la mélatonine par exemple).
Par ailleurs, elle est régulièrement amenée à évaluer les risques liés à la présence de certains ingrédients dans les compléments alimentaires. Ces travaux permettent le cas échéant de fixer une teneur limite dans les compléments alimentaires (ex. 20 mg/j de p-synéphrine).