Additif alimentaire E171 : l’Anses réitère ses recommandations pour la sécurité des consommateurs
L’additif alimentaire E171, constitué de particules de dioxyde de titane (TiO2) notamment sous forme nanoparticulaire, est utilisé dans de nombreux produits alimentaires. Suite à ses travaux d’expertise conduits en 2017, l’Anses a été saisie en février 2019 pour faire le point des études les plus récentes sur la toxicologie par voie orale du E171 et actualiser ses recommandations. A l’issue de cette expertise, l’Agence conclut qu’elle ne dispose pas d’éléments nouveaux permettant de lever les incertitudes sur l’innocuité de l’additif E171. Dans l’attente d’une meilleure caractérisation du danger et des risques du E171, elle réitère ses recommandations générales sur les nanomatériaux visant notamment à limiter l’exposition des travailleurs, des consommateurs et de l’environnement, en favorisant des alternatives sûres et équivalentes en termes d’efficacité.
Le E171 est un additif alimentaire utilisé pour ses propriétés colorantes et opacifiantes dans de nombreux produits alimentaires. Il est constitué de particules de dioxyde de titane, notamment sous forme nanoparticulaire dans des proportions variables.
L’Anses a publié, en 2017, une expertise sur une étude relative à la toxicité orale du E171 (Etude NANOGUT, Bettini et al, 2016) mettant en évidence des effets promoteurs potentiels de la cancérogenèse chez le rat. L’Agence soulignait alors la nécessité de conduire de nouvelles études toxicologiques afin de confirmer ou d’infirmer les effets rapportés dans cette étude.
De son côté, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), en charge de l’évaluation des additifs alimentaires en application de la réglementation européenne, avait souligné, dans le cadre de l’évaluation du E171 en 2016, que les données concernant la toxicité pour la reproduction étaient insuffisantes pour fixer la dose journalière admissible (DJA) et la quantité maximale dans les aliments sans risque pour la santé des consommateurs.
Dans ce contexte, l’Anses a été saisie en février 2019 par les Ministres chargés de l’économie, de la santé, de l’agriculture et de l’environnement, afin d’analyser les connaissances les plus récentes sur la toxicité du E171. Le groupe d’experts, mis en place par l’Agence, a réalisé une revue bibliographique sur la toxicité du E171 par voie orale. 25 nouvelles études publiées depuis 2017 ont été recensées.
Certaines de ces études mettent en lumière, d’une part, de nouveaux signaux tels que la modification de mécanismes biologiques cellulaires chez la souris ou des anomalies du développement chez des invertébrés et, d’autre part, des effets génotoxiques in vitro via le stress oxydant (effets identifiés pour différentes formes de TiO2 nano-particulaire, dont le E171). En outre, aucune de ces nouvelles études ne permet de confirmer ou d’infirmer le potentiel effet promoteur de la cancérogénèse du E171 rapporté dans l’étude NANOGUT.
Recommandations de l’Agence
A l’issue de cette expertise, l’Anses souligne le manque de données scientifiques pour lever les incertitudes sur l’innocuité de l’additif E171. Elle réitère ses recommandations pour disposer de données permettant de caractériser les formes physicochimiques de E171 et de données toxicologiques complémentaires sur les effets potentiels liés à leur ingestion.
Dans l’attente d’une meilleure caractérisation toxicologique du E171 et des travaux actuellement en cours au niveau européen, l’Anses rappelle ses conclusions générales antérieures relatives aux nanomatériaux visant à limiter l’exposition des travailleurs, des consommateurs et de l’environnement dans le cadre d’une approche graduelle, notamment en favorisant des produits sûrs et équivalents en termes de fonction et d’efficacité, dépourvus de nanomatériaux.
L’ensemble de ces travaux seront pris en compte dans l’expertise actuellement en cours à l’Anses « nanomatériaux dans les produits destinés à l’alimentation » qui concerne l’ensemble des nanomatériaux ajoutés intentionnellement aux denrées alimentaires.