Maladie du huanglongbing : une menace importante pour les cultures d’agrumes
La maladie du huanglongbing représente aujourd'hui l’une des menaces les plus importantes pour les cultures d'agrumes dans le monde. Alors qu’elle touche de nombreux pays producteurs notamment en Asie du Sud-Est, en Amérique et en Afrique, la région méditerranéenne est l’une des seules régions encore exemptes de cette maladie. L’Anses a mené une analyse de risque pour la zone de l’Union européenne et conclut à un risque élevé en cas d’introduction de la bactérie responsable de cette maladie. A ce jour, il n’existe aucune mesure efficace pour l’éradiquer, une fois la maladie implantée. L’Agence rappelle donc l’importance de veiller au strict respect de la réglementation en matière d’importation de végétaux pour empêcher l’introduction et la propagation de la maladie. Elle recommande d’autre part de renforcer la surveillance afin de pouvoir détecter rapidement son éventuelle apparition et de développer les stratégies de lutte biologique notamment contre les insectes vecteurs ou via des variétés de végétaux résistantes.
La maladie du huanglongbing (HLB), causée par différentes espèces de la bactérie Candidatus Liberibacter spp. (CL spp.), touche essentiellement les plantes de la famille des Rutacées et en particulier du genre Citrus. Ces bactéries sont transmises aux cultures d’agrumes par deux insectes vecteurs, des psylles des espèces Diaphorina citri et Trioza erytreae.
Considérée comme l’un des dangers phytosanitaires majeurs pour les cultures d’agrumes, toute importation de végétaux de Citrus destinés à la plantation est interdite par la réglementation européenne car ils peuvent être potentiellement porteurs de HLB. L’expertise de l’Anses visait à évaluer les risques d’entrée, d’établissement et de dissémination du HLB ainsi que ses impacts pour l’Union européenne.
Une maladie qui menace les cultures d’agrumes
Les principales plantes hôtes des bactéries CL spp. sont les agrumes qui sont cultivés en mode intensif dans les pays du sud de l’Union européenne. Toutes les régions productrices d’agrumes sont donc menacées : sud du Portugal, sud et est de l’Espagne, Corse, sud de l’Italie, Sicile, Grèce, Croatie, Chypre, Malte.
Par ailleurs, les observations réalisées sur le HLB dans sa zone de répartition actuelle montrent qu’une fois la maladie établie, il n’existe pas pour le moment de mesures efficaces pour l’éradiquer ni limiter son impact sur les productions. La maladie provoque des pertes importantes de rendement, une diminution de la qualité des fruits et peut induire jusqu’à la mort des arbres.
Une probabilité élevée d’établissement et de dissémination de la maladie
Suite à son expertise, l’Anses conclut que la probabilité d’établissement de la maladie est élevée en raison de plusieurs facteurs : le climat favorable, la présence des agrumes, le potentiel adaptatif des bactéries et la capacité d’établissement des insectes vecteurs en dehors de leur zone d’origine. De plus, la vitesse de dissémination des bactéries CL spp. a été jugée élevée à travers notamment le transport de marchandises contaminées.
L’insecte vecteur Trioza erytreae est d’ores et déjà présent au Portugal et en Espagne et pourrait disséminer la maladie. Ce scénario est préoccupant. En effet, la maladie peut apparaitre plusieurs années après l’établissement de l’insecte vecteur dans une région donnée, ce qui rend difficile la détection précoce de la présence des bactéries. Cela a été le cas en Floride, à Cuba, au Mexique où la bactérie a été détectée 7 ans après, au Brésil 62 ans après et en Martinique 2 ans après.
Veiller au strict respect de la réglementation pour prévenir l’entrée de la maladie
Afin de prévenir l’entrée du HLB ainsi que celle de l’insecte vecteur Diaphorina citri, encore absent de l’Union européenne, l’Anses recommande le strict respect de la réglementation en vigueur visant à interdire l’importation des végétaux de Citrus destinés à la plantation (plants, greffons, etc.) ainsi que le respect des exigences particulières vis-à-vis des autres importations (autres plantes hôtes destinées à la plantation et produits destinés à la consommation).
L’Agence recommande également des actions de sensibilisation auprès des voyageurs sur les risques liés aux introductions de végétaux de la famille des Rutacées à des fins ornementales, de production ou de consommation. Ces végétaux peuvent ne pas correspondre aux exigences phytosanitaires définies par la réglementation et pourraient passer les frontières sans contrôle.
En cas d’introduction, l’Agence recommande un déploiement des plans d’urgence pour la surveillance, l’éradication et l’enrayement du HLB et des psylles, particulièrement dans la zone menacée. Elle préconise également de renforcer les plans de surveillance en accordant une attention particulière aux plantes hôtes asymptomatiques et aux foyers d’insectes vecteurs isolés.
De plus, l’Anses met l’accent sur la nécessité d’une restriction des déplacements de végétaux dans l’Union européenne entre les zones contaminées par les insectes psylles et les zones non contaminées pour limiter la dissémination de la maladie. Elle souligne également l’importance de sensibiliser les pépiniéristes sur les risques liés aux Rutacées commercialisées sur Internet ou via les transactions de particuliers à particuliers.
Enfin, suite au constat d’absence de moyens efficaces pour limiter l’impact du HLB, une fois la maladie établie, l’Anses appuie la nécessité de poursuivre des programmes de recherche sur la sélection d’espèces ou de variétés au moins partiellement résistantes au HLB et la lutte biologique contre les insectes vecteurs.